Rosette Poletti

  • Description
Préface de Rosette Poletti pour le livre de Poèmes Gratitude Grâce au labeur inlassable de l’éditeur, Christian Piaget, un nouvel ouvrage voit le jour et permet aux lecteurs francophones de s’abreuver à nouveau à cette source spirituelle que représentent les milliers de poèmes du Dr Shuddhananda Bharati. La trajectoire de vie et l’œuvre de ce grand sage me touchent beaucoup. Il y a tout d’abord son inlassable recherche de Dieu, son désir de le louer, de l’honorer par sa vie, par son développement spirituel, mais aussi par son imposante œuvre littéraire et poétique. Sa capacité d’écrire des poèmes en français, langue apprise à Pondichéry, émerveille le lecteur. Pourtant, c’est surtout sa recherche de paix et d’unité qui retient particulièrement l’attention. La devise E pluribus unum (un à partir de plusieurs) a été adoptée par les Etats-Unis en 1776 et depuis ce temps-là, il y a eu de très nombreuses tentatives de par le monde de former cette unité, de combattre les divisions entre chercheurs de Dieu. Toutes les grandes religions ont prôné la paix et l’unité, le combat inlassable contre les divisions. Il est intéressant de constater que l’origine du mot « diable », diabolos, signifie celui qui divise. Aujourd’hui, nous voyons les drames que causent les divisions entre chrétiens, musulmans, hindous, fondamentalistes, puis entre factions différentes d’une même religion, entre chiites et sunnites, protestants et catholiques. Est-ce une cause perdue ? Sommes-nous condamnés à vivre dans les guerres religieuses et les conflits en tous genres ? Il existe une autre voie que nous rappelle Shuddhananda Bharati ! Il s’agit de la voie de l’ouverture au divin ! Lorsqu’on commence par créer cette relation verticale, cette relation d’amour, de louange et de gratitude, alors toute quête de puissance, de domination s’évanouit et il ne reste que le désir de vivre en harmonie avec « Celui qui est » avec ce « Tout autre » par quelque nom qu’on le nomme. « Seigneur, ô Doux Seigneur, Cet univers entier T’attend ; Tu le sais bien ; Vraiment, je ne sais rien Que suivre Ton sentier. » L’œuvre de Shuddhananda Bharati est importante pour notre Occident, elle nous rappelle qu’on ne connaît pas Dieu à travers des traités de théologie, mais à travers une relation, à travers la louange, l’écoute et la méditation, à travers le sentiment de gratitude et l’émerveillement. C’est cet émerveillement que ce grand sage partage avec nous, cette expérience de la présence du divin dans la vie quotidienne, dans la réalité concrète ; cette expérience nous est rappelée dans cette première partie du poème « O Toi » (p. 121) : O Toi qui est partout, Dans le souffle du vent, Dans le chant du coucou, Dans le dévot fervent, Mon œil est plein de Toi ! La paix, l’harmonie deviennent possibles lorsque l’être humain se laisse habiter par le souffle du divin, lorsqu’il s’ouvre à l’amour. Tout au long de ces poèmes Shuddhananda Bharati partage sa soif de Dieu, sa louange et sa contemplation du « Tout Autre ». Il nous convainc, à sa façon, sur un mode poétique, que le Divin est au-delà de toutes nos tentatives de nous l’approprier. Il rejoint, par là même, la vision du théologien Jean-Yves Leloup qui écrit : «… Aimer Dieu, c’est renoncer à l’avoir, à en faire un avoir de représentations, de concepts, de doctrines à imposer à ceux qui n’en « ont » pas, mais qui sont peut-être plus proches de la réalité qu’Il est ». (J.-Y. Leloup, Désert, déserts, p. 24) La louange et l’émerveillement, la confiance et la paix intérieure, voilà à quoi nous sommes conviés à travers ces poèmes qui nous rappellent que nous ne sommes pas des barques à la dérive, mais bien des créatures follement aimées, désirées et accompagnées par un Créateur. Rosette Poletti